Son Excellence le ministre de l’Économie et des Finances, M. Sid' Ahmed Ould Bouh, a présenté lundi, devant l’Assemblée nationale réunie en séance publique sous la présidence de son vice-président M. Ahmedou Mohamed Mahfoud M’Balla, un exposé détaillé sur trois projets de lois stratégiques visant à renforcer les infrastructures électriques et à promouvoir l’autonomisation des femmes en Mauritanie. Il a également répondu aux observations et questions des députés.
L’autonomisation des femmes au cœur des priorités gouvernementales
En introduisant le premier projet de loi, relatif au financement du Projet d’autonomisation des femmes et de dividende démographique en Afrique subsaharienne, le ministre a souligné que le programme de Son Excellence le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, accorde une place centrale à l’autonomisation des femmes dans sa stratégie de développement.
Il a précisé que cette orientation se traduit par l’élargissement de l’accès des femmes à des services de santé et d’éducation de qualité et à moindre coût, ainsi que par le soutien à leur inclusion économique à travers des programmes de formation intégrés, centrés sur les compétences techniques et les aptitudes de vie.
Le ministre a fait état des résultats probants enregistrés lors de la phase précédente du projet, justifiant la nécessité d’en assurer la continuité et l’extension. Il a détaillé les objectifs du nouveau programme, qui vise notamment à accroître l’accès des femmes et des filles à l’éducation, à la santé reproductive et aux opportunités économiques, tout en renforçant les capacités institutionnelles en matière d’égalité de genre au niveau régional.
Le projet prévoit, entre autres, des interventions transformationnelles en matière de genre, l’amélioration des services de santé maternelle, infantile et adolescente, ainsi que le développement des outils de planification et de pilotage des politiques d’équité entre les sexes, tant au niveau national que régional.
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Une vision ambitieuse pour le secteur énergétique
S’agissant du second projet de loi, relatif au financement du Projet de transport d’électricité, le ministre a dressé un état des lieux du secteur électrique national. Il a relevé les difficultés persistantes, notamment la faible couverture, l’insuffisance de l’offre face à une demande croissante, et la forte dépendance vis-à-vis des énergies fossiles.
Toutefois, il a salué les progrès enregistrés ces dernières années, précisant que des réformes structurelles et une stratégie énergétique ambitieuse ont été engagées sous l’impulsion du Président de la République. Il a souligné que grâce à sa position géographique, à ses ressources gazières et à son potentiel exceptionnel en énergies renouvelables, la Mauritanie ne se limite plus à l’objectif d’accès universel à l’électricité d’ici 2030. Elle ambitionne également de devenir un acteur régional dans la production énergétique, notamment d’hydrogène vert.
Le financement visé permettra d’étendre l’accès à l’électricité à travers la construction d’un corridor de transport électrique et d' infrastructures associées, l’acquisition d’équipements, l’extension du réseau de distribution (moyenne et basse tension), l’installation de sous-stations de transformation, de matériels de raccordement et de compteurs intelligents à prépaiement.
Le projet de ligne haute tension : vers une meilleure intégration régionale
Concernant le troisième projet de loi, relatif au financement du Projet de ligne haute tension dans le sud de la Mauritanie et de la centrale solaire de Kiffa, le ministre a précisé qu’il s’inscrit dans le cadre du vaste programme de connexion électrique entre Nouakchott et Néma, mené en partenariat avec la Banque africaine de développement.
Il a détaillé les composantes de ce projet structurant, qui prévoit notamment la réalisation de trois infrastructures prioritaires : une sous-station électrique dans la zone Est de Nouakchott, 125 km de ligne haute tension entre Ghayra et Kiffa, et la construction d’une centrale solaire d’une capacité de 50 mégawatts à Kiffa.
Selon le ministre, ce projet permettra d’améliorer durablement l’accès à une électricité propre, fiable et à coût abordable pour environ 80 000 ménages mauritaniens. Il contribuera également à l’interconnexion électrique de la Mauritanie avec les pays de la sous-région.
Il a en outre précisé que la ligne haute tension Nouakchott–Néma s’inscrit dans une dynamique d’intégration énergétique régionale, en lien avec le système d’échanges d’électricité de l’Afrique de l’Ouest, ouvrant des perspectives prometteuses d’exportation et d’échanges d’énergie.
Un débat parlementaire riche autour du financement extérieur
Les déclarations du ministre ont suscité un débat animé parmi les députés, qui ont salué les projets de loi soumis, tout en émettant des observations importantes sur la stratégie de financement extérieur.
Les parlementaires ont insisté sur la nécessité de réserver les financements extérieurs aux projets de développement stratégiques plutôt qu’aux projets sociaux, ces derniers devant, selon eux, être financés par des ressources nationales, d’autant plus que le service de la dette dépasse désormais les dépenses allouées à la santé et à l’éducation.
Les élus ont souligné la nécessité de renforcer les mécanismes de contrôle de gestion, d’évaluer systématiquement l’impact des emprunts sur les capacités énergétiques du pays, et d’assurer une exécution rapide des projets, afin d’éviter tout retard préjudiciable, surtout dans un contexte de forte croissance de la demande énergétique.
Au terme de la séance, l’Assemblée nationale a adopté les trois projets de loi, ouvrant ainsi la voie à la mise en œuvre de programmes porteurs d’une transformation profonde des secteurs de l’énergie et de l’égalité des genres, au service d’un développement durable et inclusif.